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Sujet possible : L'haussmannisation / habiter un espace touristique

  • didiercariou
  • 5 mai 2023
  • 10 min de lecture

Dernière mise à jour : 4 janv.


Didier Cariou, maitre de conférences HDR en didactique de l'histoire, Université de Brest



Épreuve écrite d’application

Domaine histoire, géographie, enseignement moral et civique

Épreuve notée sur 20 - Durée 3 h


Composante histoire (12 points)


1. A l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous indiquerez les principaux savoirs à faire acquérir par des élèves de CM1 sur la question des transformations de Paris sous le Second Empire


2. Proposez le canevas d’une séquence sur les transformations de Paris sous le Second Empire en indiquant les documents que vous utiliseriez.

Puis développez une des séances de cette séquence, en définissant les objectifs d’apprentissage, les savoirs et les compétences travaillés, en indiquant précisément quels documents issus du dossier documentaire vous utiliseriez dans cette séance. Vous détaillerez enfin l’exploitation pédagogique de l’un de ces documents.

Composante géographie (8 points)


1. A partir du document 13, proposez une définition accessible à des élèves de CM1 du concept « habiter un espace touristique ».

2. Présentez des modalités d’utilisation en classe de CM1 des documents 14 et 15.


Document 1 : Extrait du programme du cycle 3 (2020), classe de CM1

Document 2 : Extrait de : Gérard Noiriel, Une histoire populaire de la France. De la guerre de Cent Ans nos jours, Agone, deuxième édition, 2021, p. 359-360.



Document 3 : vues de rues de vieux quartiers de Paris avant l’haussmannisation








La rue des Marmousets, située dans l'île de la Cité, dans les années 1850, près de l'Hôtel-Dieu.















La rue Tirechamp démolie au cours de l'extension de la rue de Rivoli.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Transformations_de_Paris_sous_le_Second_Empire

















Document 4 : les transformations de Paris sous le Second Empire

Source: Georges Duby (dir.). Atlas Historique, Larousse, 1978, p. 122.

Document 5 : Le dégagement de l'Opéra de Paris. Démolition de la butte des Moulins qui s'étendait depuis l’Opérade Paris jusqu'au Louvre, en 1867, lors des travaux du baron Haussmann. Roger-Viollet. Source :


Document 6 : Camille Pissarro, Avenue de l'Opéra, soleil, matinée d'hiver1898, Musée des Beaux-Arts, Reims. Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Camille_Pissarro_-_Avenue_de_l’Opera_-_Musée_des_Beaux-Arts_Reims.jpg


Document 7: la façade monumentale de la gare du Nord avec les statues symbolisant les principales destination du réseau Nord. Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Gare_du_Nord,_Paris_9_April_2014_013.jpg



Document 8: Les Halles Baltard, Vue intérieure du pavillon central. BnF, Estampes et photographie, VA-229 (C)-FOL. Source : https://passerelles.essentiels.bnf.fr/fr/image/2e217be5-417e-4bd3-adbd-e19667d3c0e7-halles-baltard-2

Document 9 : Vue de l’aménagement du parc des Buttes-Chaumont en cours dans les années 1860 : le promontoire et le pont suspendu construit par Gustave Eiffel. Cliché Charles Marville. Source :

https://www.paris.fr/pages/haussmann-et-marville-une-histoire-de-l-urbanisme-et-de-la-photographie-23455



Document 10 : Le parc des Buttes-Chaumont inauguré le 1er avril 1867. Photographie des années 1890. Bibliothèque nationale de France. Source : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84470040/f34.item



Document 11 : La nouvelle répartition sociale de la population parisienne à la fin du Second Empire

Document 12 : Extrait du programme du cycle 3 (2020), classe de CM1

Document 13 : Extrait de : Mathis Stock, « Habiter comme « faire avec l’espace ». Réflexions à partir des théories de la pratique », Annales de géographie 2015/4 (n° 704), pages 424 à 441.

(…) Ces personnes regardent quelque chose. Que regardent-elles ? Elles regardent, depuis la vieille ville de Monaco, l’autre côté très important de ce lieu : le port, avec le très impressionnant et étonnant rassemblement d’immeubles, en remplissent densément l’arrière-plan (photo 2). On peut s’étonner de cette pratique dans laquelle le regard est instauré en vecteur principal de l’expérience. Comment se fait-il que ce type de pratique soit adopté par le plus grand nombre et qu’il est devenu banal et habituel de faire ce que font ces personnes (...) ? Comment décrire, expliciter, expliquer et interpréter ce phénomène où des personnes, équipées d’un regard touristique, se tiennent quelque part pour regarder quelque chose et, ce faisant, le reconstruisent ?



Pour répondre à cette question et se donner les moyens de décrypter de façon fondamentale (i. e. non triviale), voire critique, cette situation, je propose de dire que ces personnes « font » quelque chose, qu’elles pratiquent un lieu d’une certaine manière, équipées d’un certain regard et développent, ce faisant, un certain rapport au monde. Elles font quelque chose dans un certain contexte, équipées d’un certain nombre d’instruments techniques et mettant en œuvre des compétences, suivant des prescriptions et en même temps fabriquant de l’espace. Il s’agit de pratiques situées dans lesquelles le corps est engagé (au-delà du seul regard) et dans lesquelles certains codes moraux, esthétiques et sociaux, ainsi que des mythes et représentations sont enactés, donc mis en pratique, et, par là même, donnent sens à ce que font et sont les individus, les autres « situés », et les lieux géographiques soumis à l’exercice (…).

C’est ce que j’appelle « habiter », considérant au demeurant la pratique touristique, du fait de son éphémérité mais aussi de l’ampleur contemporaine de sa représentation, du fait aussi de sa globalité, comme paradigmatique de celui-ci. En effet, étant donné que les pratiques mobilisent des ressources et des enjeux d’ordre spatial (localisation, paysage, limites, place, lieu, représentation, esthétique, etc.) – les touristes font avec l’espace –, on peut nommer « habiter » ce que font les personnes. Appliquée aux personnes représentées sur la photo, la notion permet de dire que ces personnes habitent en tant que touristes, qu’elles habitent « touristiquement ». Ceci signifie que pour « habiter le Monde » (Lazzarotti, 2006), pour investir les différents lieux géographiques de sens et de significations, il faut faire quelque chose. C’est ce faire qui est au centre de la conception développée ici. Cela mène à une définition précise de l’habiter comme « faire avec » les dimensions spatiales des sociétés humaines ; habiter est défini comme l’ensemble des actes et manières de faire du point de vue de la mobilisation des distances, localisations, paysages, limites, qualités des lieux géographiques, arrangements spatiaux dans toutes les situations possibles dans lesquelles se trouvent les humains en tant qu’individus (…).


Document 14 : Vue générale de la Grande-Motte (Hérault)

Document 15 : Carte de la Grande-Motte (source : Géoportail)


Proposition de corrigé


Composante histoire (12 points)


1. A l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous indiquerez les principaux savoirs à faire acquérir par des élèves de CM1 sur la question des transformations de Paris sous le Second Empire


Comme le signale le programme, il s’agit d’envisager les transformations de Paris sous le Second Empire en lien avec les transformations économiques, techniques et sociales produites par l’industrialisation. Le document 2 peut être utilisé pour commenter certains autres documents du dossier.


Document 3 : Au milieu du XIXe siècle, les rues de Paris étaient étroites et insalubres, les eaux usées s’écoulaient dans la rue, l’habitat était souvent insalubre. En plus, il était facile de bloquer ces rues par des barricades. Le préfet de Paris, Haussmann, soutenu par Napoléon III a engagé des travaux pour favoriser la circulation des personnes, des marchandises, de l’air et de l’eau, selon une visée hygiéniste.


Document 4 : La carte des transformation de Paris sous le Seconde Empire signale les travaux les plus visibles. Tout d’abord, en 1860, Haussmann a annexé à Paris les villages situés entre Paris et les fortifications. La ville de Paris est passée de 12 à 20 arrondissements. Haussmann a alors pu réaliser une double opération d’urbanisation des quartiers périphériques et d’aménagements urbains (urbanisme) de cet espace. L’essentiel des travaux a consisté à tracer des boulevards rectilignes dans le bâti ancien afin de favoriser la circulation des personnes, des marchandises et de l’air. Le « premier réseau », à la fin des années 1850, a concerné la « grande croisée de Paris » : prolongement de la rue de Rivoli, boulevard Saint-Michel-boulevard de Sébastopol. Le « deuxième réseau » a concerné les boulevards de l’ouest et du nord de Paris. Après le Second Empire, le « troisième réseau » a permis de relier entre eux ces différents boulevards. Les travaux et les spéculations plus ou moins légales auxquelles ils ont donné lieu sont évoqués dans la roman de Zola, La curée.


Document 5 : Cette photographie montre l’ampleur des destructions du bâti ancien (on voit ici des tas de gravas, vestiges des immeubles détruits) afin de tracer de large boulevards (ici, la future avenue de l’Opéra). Cette photographie montre également que ces destructions permettaient de dégager et de mettre en valeur de grand monuments, tels que l’Opéra Garnier.


Document 6 : Le tableau de Pissarro représente la nouvelle avenue de l’Opéra, la perspective monumentale qui se dégage jusqu’à l’Opéra Garnier, l’uniformité des immeubles haussmanniens et la circulation rendue beaucoup plus aisée. Mais surtout, l’ampleur de l’espace dégagé offre de nouvelles perspective aux peintres impressionnistes qui peuvent travailler les effets des rayons du soleil et de la lumière sur l’architecture haussmannienne. La ville de Paris devient un sujet artistique en elle-même.


Document 7 : Cette photographie (actuelle) de la façade de la gare du Nord construite par l’architecte Jacques Hittorff et inaugurée en 1866, montre deux des aspects de l’haussmannisation : l’arrivée des réseaux ferroviaires dans les gares de la capitale, reliés entre elles par des boulevards facilitant la circulation des personnes et des marchandises, et l’aspect monumental des réalisations qui servent également à embellir la ville. Les statues représentent les principales desservies par la compagnie des chemins de fer du Nord, alors que l’utilisation du verre et du métal, permettant de construire de grandes halles relativement légères, rappelle l’industrialisation.


Document 8 : Les Halles construites par Baltard (à l’emplacement de l’actuel Forum des Halles) sont également construites avec du verre et du métal. Elles étaient ainsi symboliques de l’industrialisation. Elles rassemblaient tous les produits alimentaires produits quotidiennement à la périphérie de Paris, qui étaient vendus ici à des détaillants qui les vendaient ensuite dans tous les commerces alimentaires de la capitale. Ces Halles étaient un élément essentiel de la circulation des marchandises dans Paris. Zola leur a consacré son célèbre roman Le ventre de Paris.


Document 9 et 10 : Ces documents rappellent que l’haussmannisation a également consisté à apporter de l’air et de la verdure dans une capitale extrêmement minéralisée. En périphérie, Haussmann a fait aménager le bois de Vincennes et le bois de Boulogne. Dans Paris, il fait aménager quelques parcs : le parc Montsouris, le parc Monceau et le parc des Buttes-Chaumont aménagé dans d’anciennes carrières de gypse (un minéral nécessaire à la fabrication du plâtre). Le promontoire (un amas rocheux qui n’avait pas encore été exploité) a été aménagé et entouré de bassins et de promenades.


Document 11 : Cette carte montre la nouvelle répartition sociale de la population parisienne après l’haussmannisation. Avant les travaux, les ouvriers habitaient souvent dans le centre de Paris. Ils ont été rejetés dans l’Est parisiens et dans les quartiers périphériques nouvellement urbanisés (11e, 12e, 14e, 15e, 18e, 19e, 20e arrondissements). En revanche les populations bourgeoises (le non-salariés) sont devenues majoritaires dans le centre et l’ouest de Paris. La relative mixité sociale antérieure fut remplacée par une ségrégations sociale opposant le centre et la périphérie, l’Ouest et l’Est de la capitale.


2. Proposez le canevas d’une séquence sur les transformations de Paris sous le Second Empire en indiquant les documents que vous utiliseriez.

Puis développez une des séances de cette séquence, en définissant les objectifs d’apprentissage, les savoirs et les compétences travaillés, en indiquant précisément quels documents issus du dossier documentaire vous utiliseriez dans cette séance. Vous détaillerez enfin l’exploitation pédagogique de l’un de ces documents.


Canevas d’une séquence :

1. La destruction du vieux Paris et la construction des grands boulevards

Document 3 : les rues étroites et insalubres du vieux Paris

Document 5 : les destructions pour construire les grands boulevards et dégager les monuments

Document 6 : la perspective de l’avenue de l’Opéra


2. L’embellissement de la capitale

Document 4 : la carte des principales réalisations d’Haussmann (boulevards, gares, espaces verts)

Document 7 : la façade monumentale de la gare du Nord

Document 8 : les Halles de Paris en verre et en métal

Document 9 et 10 : le parc des Buttes-Chaumont


3. Les conséquences sociales de l’haussmannisation

Document 11 : la répartition sociale de la population parisienne

Production d’écrit sur l’haussmannisation : « Raconte comment Haussmann a transformé Paris »


Développement d’une séance

Exemple : séance 1 La destruction du vieux Paris et la construction des grands boulevards


Objectifs : identifier un document, extraire des informations, mobiliser des savoirs pour analyser un document, mobiliser le raisonnement historique


Savoir travaillés : insalubrité, hygiénisme, grand boulevards, perspective monumentale, haussmannisation


Documents utilisés :

Document 3 : Deux vues du centre du Paris ancien : rues étroites peu favorables à la circulation, eaux usées au milieu de la rue, peu de lumière, immeubles anciens et sans doute insalubres

Document 5 : la destruction de grandes quantités d’immeubles anciens pour laisser la place à une grande avenue, ouverture sur l’opéra Garnier (construit entre 1862 et 1875, première inauguration en 1867)

Document 6 : (toile de Pissarro) l’avenue de l’Opéra à la fin du XIXe siècle : circulation aisée sur un boulevard large et rectiligne, perspective monumentale jusqu’à l’Opéra, immeubles haussmanniens, fontaines et place, jeux de lumières (liens avec l’EAC)


Production d’écrit : « Raconte comment Haussmann a transformé Paris (en se centrant ici sur les boulevard, on pourra compléter l’écrit lors des séances suivantes avec les gares, les Halles, les parcs)


Exploitation d’un document : le document 5

Faire repérer l’opéra par les élèves, repérer son style classique (à compléter éventuellement avec des vues de l’Opéra Garnier aujourd’hui)

Questions :

Que font les ouvriers au premier plan de la photographie ? Ils emportent des gravas à l’aide de tombereaux tirés par des chevaux.

D’où proviennent ces gravas ? Ils proviennent de la destruction des immeubles anciens

Qu’y aura-t-il à la place des immeubles détruits ? L’avenue de l’Opéra

Les immeubles visibles sur la photographie ont-ils échappé aux destructions ? Non, car on voit qu’ils bouchent encore la vue sur l’Opéra.

Synthèse : l’haussmannisation consiste d’abord à détruire le bâti ancien et les rues trop étroites pour construire de larges boulevards rectilignes


Composante géographie (8 points)


1. A partir du document 13, proposez une définition accessible à des élèves de CM1 du concept « habiter un espace touristique ».


A partir de l’article de Mathis Stock, nous pouvons définir le concept d’habiter comme le fait que les acteurs (spatiaux) font quelque chose dans et avec un espace géographique (pratiquent un espace), par leur corps, par leur regard, à partir de leur façon de voir le monde. Habiter un espace touristique consiste à venir seul, en famille ou avec des amis, pendant plusieurs jours dans un espace éloigné de son lieu de vie habituel, que l’on trouve beau, agréable ou intéressant pour pratiquer des activités spécifiques (sportives, culturelles, de détente, etc.), différentes de celles de la vie de tous les jours.

2. Présentez des modalités d’utilisation en classe de CM1 des documents 14 et 15.

Exploitation du document 14 :

Dans un premier temps, on demandera aux élèves de délimiter avec des feutres de couleurs différentes les différentes unités paysagères visibles sur la photographie, et de proposer une légende.

Le document 15 permet d’expliciter l’organisation des unités paysagères visibles sur la photographie. Il permet d’envisager différentes manières d’habiter l’espace touristique de la Grande Motte

Différentes manières de se loger pendant la saison touristique : dans des immeubles, dans des pavillons, dans des campings, dans un village de vacances.

Différentes manières de pratiquer l’espace maritime : la plage, la navigation de plaisance, la planche à voile (icône sur la carte)

Différentes manières d’avoir des loisirs : le casino, les terrains de sports, les promenades dans la forêt, la plage.


Une synthèse collective permettra de compléter l’analyse sur l’habiter cet espace touristique en cherchant à savoir pourquoi les touristes aiment pratiquer cet espace : le beau temps assuré, une grande plage de sable qui laisse de l’espace à chacun. Cet espace offre donc des ressources et surtout des aménagements d’ordre touristique.

A l’aide de la photographie légendée et de la carte étudiée collectivement, les élèves peuvent produire un écrit racontant ce que les touristes viennent faire dans cet espace.


(Remarque subjective : une mer sans marée, une eau trop chaude, une chaleur écrasante, l’entassement dans des immeubles, un réseau routier saturé durant l’été : on peut avoir diverses représentations de cet espace !)

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